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Sécurité routière : un nouveau délit pour sanctionner plus sévèrement les comportements dangereux au volant

Pénal - Pénal
14/10/2025

Alors que les chiffres de la sécurité routière montrent une hausse préoccupante du nombre de morts et de blessés en 2025, le législateur a renforcé la réponse pénale face aux accidents les plus graves. Une réforme majeure a été adoptée avec la loi n° 2025-622 du 9 juillet 2025, qui crée une infraction autonome : le délit d’homicide routier.

Une évolution du droit pénal routier

Jusqu’à cette réforme, les décès consécutifs à un accident de la route étaient systématiquement qualifiés d’homicides involontaires en application de l’article 221-6 du Code pénal. Cette qualification s’appliquait, que l’accident résulte d’une simple inattention ou d’un comportement particulièrement dangereux, comme la conduite sous l’emprise de l’alcool, de stupéfiants ou à très grande vitesse.

La jurisprudence considérait ces situations comme des infractions non intentionnelles, sans distinction claire entre la faute d’inattention et la conduite délibérément dangereuse.

Une infraction autonome : l’homicide routier

La loi du 9 juillet 2025 introduit une innovation importante : les accidents mortels causés par des conducteurs en état d’ivresse, sous l’emprise de stupéfiants ou ayant commis une infraction grave au Code de la route relèvent désormais d’un délit distinct : l’homicide routier.

Cette qualification vise notamment :

  • un excès de vitesse important ;
  • la conduite malgré suspension ou annulation du permis ;
  • le refus d’obtempérer ;
  • le cumul de plusieurs infractions aggravantes.

Cette évolution permet une meilleure appréciation de la gravité du comportement à l’origine du drame et une lecture plus claire des faits pour les victimes et la société.

Sanctions applicables

La création du nouveau délit ne s’accompagne pas d’un alourdissement automatique des peines. Les plafonds demeurent ceux de l’homicide involontaire : jusqu’à 7 ans d’emprisonnement et 100 000 € d’amende. En cas de circonstances aggravantes multiples (par exemple, conduite sous stupéfiants et sans permis), la peine peut atteindre 10 ans d’emprisonnement.

Des peines complémentaires peuvent s’ajouter : interdiction de conduire et confiscation du véhicule.

Conséquences civiles et assurance

La réforme a des effets en matière de responsabilité civile. Selon la nature du comportement au moment des faits, l’assureur peut opposer une déchéance de garantie en cas de faute volontairement dangereuse, ou maintenir l’application d’une franchise prévue au contrat.

Le délit d’homicide routier impacte ainsi la situation juridique et financière de l’auteur et clarifie le traitement des sinistres mortels.

Au-delà de l’aspect technique, cette réforme porte une dimension symbolique forte : les accidents mortels causés par des comportements délibérément dangereux ne sont plus assimilés à de simples négligences. En mettant l’accent sur la responsabilisation des conducteurs, l’objectif est de favoriser des comportements plus prudents et de faire reculer durablement la mortalité routière en France.